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(1832-1893)
Né à Saint-Dié (Vosges) dans une famille de notables, Jules Ferry fait des études d’avocat, puis s’inscrit au barreau de Paris en 1855. Mais dès 1865, il entame une carrière publique, en tant que collaborateur du Temps, ce qui en fait un chef de file de l’opposition républicaine au second Empire. Ses brochures, tels les Comptes fantastiques d’Haussmann (1868) — texte dénonçant les abus du préfet de la Seine et, symboliquement, de l’État napoléonien —, lui valent la célébrité.

Aux élections de juin 1869, elle lui permet de devenir député de la Seine. Membre du gouvernement de la Défense nationale (4 septembre 1870), il devient préfet de la Seine, puis maire de Paris. Dans ces fonctions, il assure le ravitaillement du peuple parisien et le maintien de l’ordre durant le siège de la capitale (son régime des restrictions lui vaut le surnom de « Ferry famine »). Élu député des Vosges en février 1871, il doit quitter Paris au lendemain du déclenchement de la Commune (18 mars 1871). La paix revenue, il redevient préfet de la Seine, puis ministre plénipotentiaire en Grèce (1872-1873).

À la fin des années 1870, Jules Ferry commence à jouer un rôle clé dans l’opposition au régime d’« Ordre moral » de Mac-Mahon. Il participe alors à la création de la Gauche républicaine, opposée aux conservateurs et à l’Union républicaine de Léon Gambetta. Formé de modérés, ce courant est socialement conservateur et refuse de pratiquer la démagogie. Défait du poids des contingences matérielles car il est fortuné, Ferry défend en effet l’idéal du progrès par la science et la diffusion des Lumières, et non par la révolution sociale. Comme il le souligne lors de son discours du 3 juin 1876 à la Chambre des députés, « l’État doit être laïque ».

En 1875, ce credo l’amène à adhérer à la franc-maçonnerie. Celle-ci s’étant ralliée à la République, Ferry devient l’incarnation de la famille de républicains conservateurs qui participent au renforcement de la IIIe République durant les décisives années 1879-1885. À partir de 1879, il occupe plusieurs postes ministériels, puis la présidence du Conseil. Ces hautes fonctions (Instruction publique en 1870-1881, puis en 1882 ; président du Conseil de septembre à novembre 1881, puis de février 1883 à mars 1885) lui permettent d’agir.

 

En 1882, au cours de houleux débats parlementaires, Jules Ferry défend l’école primaire gratuite, obligatoire et laïque, instituée par les lois 1881-1882. À ses détracteurs, il répond en substance que cette trilogie cardinale assure une véritable promotion sociale et l’enracinement — grâce à la connaissance et à la liberté de conscience — d’un esprit républicain démocrate et égalitaire. Elle constitue ainsi le creuset d’une vraie conscience citoyenne, donc de l’attachement à la nation et à son unité. En quelques années, cette conception s’impose à la majorité, cependant que la réforme transforme progressivement l’univers de l’enseignement primaire.

Extraits de discours de Jules Ferry à la Chambre des députés

Sur l’instruction primaire :
Il importe à une société comme la nôtre, à la France d’aujourd’hui, de mêler sur les bancs de l’école les enfants qui se trouveront un peu plus tard mêlés sous le drapeau de la Patrie. Il y a là pour la conservation et le développement de notre unité sociale des moyens d’autant plus puissants qu’ils s’appliquent à des esprits plus malléables et à des âmes plus sensibles.

Sur la gratuité :
La rétribution scolaire est encore le plus mauvais des impôts : non seulement il est blessant pour une partie de la population, celle qu’il met dans la nécessité de réclamer la gratuité, mais c’est un impôt inique non proportionnel. Il frappe au rebours des besoins, au rebours de la fortune.

Sur la laïcité :
Comment, en tête d’un programme d’enseignement obligatoire, vous placeriez un enseignement confessionnel obligatoire ? Mais c’est la négation même de la liberté de conscience. En vain, me diriez-vous qu’il s’agit de quelques protestants et d’un très petit nombre de libres penseurs : les questions de liberté de conscience ne sont pas des questions de quantité, ce sont des questions de principe.